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Redécouvrir la pierre sèche : résilience écologique, savoir-faire ancestral et solution pour un avenir durable

Parmi les enjeux environnementaux contemporains, la construction et l’aménagement du territoire occupent une place cruciale. Entre la tension croissante sur les ressources comme le sable et les émissions massives de gaz à effet de serre du secteur du BTP, des solutions innovantes et vertueuses, issues du patrimoine, refont surface. La technique du bâti en pierre sèche s’impose aujourd’hui comme une réponse low-tech, écologique et culturellement ancrée dans nos territoires.

Le contexte environnemental : le BTP en question

Selon les chiffres rappelés durant la conférence, le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP) est responsable en France de :

  • 40 % des émissions de gaz à effet de serre,
  • 50 % de la consommation des ressources naturelles en Europe,
  • et 70 % de la production de déchets.

L’un des exemples marquants est la pression mondiale sur le sable. Comme le rappelait une étude citée, la Chine aurait consommé autant de sable en quatre ans que les États-Unis en un siècle. Cette raréfaction appelle à une révision des matériaux utilisés et à une réappropriation des ressources locales.

Réemploi et sobriété : des principes vertueux

Face à ce constat, le réemploi des matériaux apparaît comme une stratégie plus vertueuse que le simple recyclage. Il limite l’énergie nécessaire, conserve les capacités mécaniques d’origine et réduit drastiquement les transports. C’est dans cet esprit que la pierre sèche retrouve toute sa pertinence : elle permet de bâtir sans liant, en valorisant les ressources locales, sans transformation industrielle.

La pierre sèche : un outil de résilience économique et écologique

La technique du bâti en pierre sèche repose sur un savoir-faire ancestral reconnu par l’UNESCO. Elle combine :

  • Sobriété : zéro déchet, bilan carbone favorable, consommation énergétique minimale,
  • Réappropriation : préservation de l’identité culturelle, transmission des savoir-faire,
  • Écologie : gestion des eaux, niche de biodiversité,
  • Efficience : efficacité technique, durabilité, simplification des interventions.

Les constructions en pierre sèche démontrent une grande adaptabilité aux conditions naturelles et climatiques, et ne nécessitent ni béton ni armatures métalliques.

Exemples concrets : du patrimoine à l’innovation architecturale

Lors de la présentation menée par Arnaud Autric, murailler artisan d’art, plusieurs réalisations ont illustré la richesse et la modernité de cette approche :

  • Le jardin des migrations au Fort Saint-Jean à Marseille (Lauréat des Victoires du Paysage 2014),
  • L’aménagement de l’Abbaye de Montmajour à Arles, chantier de 340 000 € pour le Centre des Monuments Nationaux,
  • Le chai vinicole de la Ferme Saint Maurice à Saillans, en Drôme, intégrant une pierre extraite localement à 35 km du site,
  • Un marché public au Zoo de Berne (Suisse) combinant pierre sèche et architecture contemporaine en bois, démontrant l’harmonie possible entre techniques traditionnelles et design moderne.

Un encadrement technique rigoureux et scientifique

La pierre sèche ne relève pas uniquement du geste artisanal. Elle fait aujourd’hui l’objet de tests scientifiques (notamment avec l’École des Ponts ParisTech) pour en modéliser les performances mécaniques. Les règles de pose sont codifiées : pente des pierres, croisement des joints, profondeur de calage… garantissant solidité et pérennité.

Conclusion : reconstruire avec sagesse

Comme l’affirme Arnaud Autric, “Quand parlent les pierres”, c’est un message de durabilité, de mémoire et d’avenir qui nous est adressé. À l’heure où les enjeux climatiques imposent des transformations rapides et profondes, puiser dans notre héritage des solutions intelligentes, sobres et robustes apparaît comme une évidence.

Et si la modernité commençait par réapprendre à bâtir simplement, durablement, en écoutant la pierre ?

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